Charivari chez les p'tites poules

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Pour rien au monde, Carmélito et
ses copains n’auraient
manqué l’ouverture de la pêche.
Mais hélas, ils n’ont pas encore
pris le moindre petit goujon !
Au bout de leurs hameçons, les
asticots s’ennuient et passent le
temps en faisant des ronds dans
l’eau…
-Pfff… ça ne mord pas !
Sur la berge, les jeunes
poussins mènent un joyeux
tapage.
-Silence, les marmots, chuchotent les pêcheurs. Vous faites
Fuir les poissons !
-J’ai une touche ! S’exclame soudain Coquenpâte. C’est un gros !
Sous le regard envieux de ses amis, Coquenpâte remonte
fièrement sa prise. Ce n’est ni un saumon ni un Brochet, mais un
vieux sac de toile.

-C’est à moi ! Écartez-vous, ordonne Coquenpâte.
A peine a-t-il dénoué la ficelle qu’il pousse un cri d’effroi :
Sauve qui peut !La petite Carmen s’approche
du chat :
-Tu l’as échappé belle, mon
chaton ! Quelle drôle d’idée
d’apprendre à nager dans un
sac…

Son frère Carmélito n’est pas très rassuré.
-Ne touche pas à ce matou, Carmen ! On dit que les chats noirs
portent malheur.
-Comment un garçon aussi intelligent que toi peut-il croire à ces
bêtises ? se moque sa sœur.
-Comment t’appelles-tu ? lui demande-t-il.
Le petit félin répond qu’il n’a pas encore
de nom.
-Eh bien, je propose qu’on t’appelle « Chat
-Mouillé », dit Carmen en le serrant
contre elle.
Le chat noir leur raconte qu’il est venu au monde au moulin des
Quatre-Vents.
-Tous mes frères et sœurs avaient le pelage tigré, sauf moi…
Mais un matin, le meunier m’a découvert et m’a arraché à ma
mère. Puis il m’a mis dans un sac et jeté à la rivière.
Un chat noir !

Quand Carmen et Carmélito arrivent au poulailler, ils sont accueillis par des cris d’horreur. Quel
charivari !
-Nom d’une coquille ! Regardez, ils
ramènent ce maudit chat noir !
-Enfer et crotte de poule !
-Les chats noirs, c’est comme le chiffre 13, ça porte malheur !!!
-Malédiction ! Les pires malheurs vont s’abattre sur nous !
-Et en blus, boi, je suis allergique aux boils de chat, proteste
Coqueluche.
Les parents de Carmen et de
Carmélito proposent aussitôt de
recueillir Chat-Mouillé.
-Petit ! dit Carméla, très émue, je
cours te préparer un bon lait de
poule.
-Suis-moi, fiston ! lance Pitikok. On
va t’installer dans le nid
d’ami.
À minuit, les trois amis ne dorment toujours pas.
-On peut garder la lumière allumée ? Demande le petit chat.
-Pourquoi ? T’as peur du noir ? S’esclaffe Carmen.
-Non ! Mais les rats et les souris… ça me donne la pétoche !
Carmen le rassure :
-Crois-moi, un jour, tu deviendras le plus redouté des chats.
Un jour tu seras …
un grand seigneur !!!
A l’aube, on apprend qu’un drame épouvantable s’est produit
dans la nuit.
« Au voleur ! À l’assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel, on
a volé nos œufs ! »
Pour les poules, le responsable de ce malheur est tout trouvé.
C’est sa faute !
-Vagabond ! Chat sans maison ! lui crie méchamment Cudepoule.
Tu n’as rien à faire dans un poulailler, tu n’es qu’un… chat-nupieds !
La jeune volaille se déchaîne.
-Va-t’en, chat-nu-pieds !
-Hors d’ici, maudit chat noir !
-Décidément, vous n’avez pas
grand-chose sous la crête, s’indigne Carmen. Tout ça c’est de la
superstition !
-Ma sœur a raison ! C’est de la… euh… comme elle dit !
A l’aube, on apprend qu’un drame épouvantable s’est produit
dans la nuit.
« Au voleur ! À l’assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel, on
a volé nos œufs ! »
Pour les poules, le responsable de ce malheur est tout trouvé.
C’est sa faute !
Et puis un jour, enfin…
-Hé, réveille-toi, Chat-Mouillé ! Il y a une souris, prévient Carmélito.
Chat-Mouillé bondit sur le rongeur !
Quelques jours plus tard, les feuilles
commencent à tomber. Les petites poules
n’ont jamais vu ça, et elles se mettent à
trembler.
-Au secours ! Au secours ! Les arbres se
transforment en squelettes !
-Les œufs de nos mamans qui disparaissent,
et maintenant les arbres qui meurent ! Ce
sale matou est la cause de tout !
-Du calme ! intervient Pédro le Cormoran.
Sachez qu’en automne, les feuilles tombent !
Durant les semaines qui suivent, Carmen et Carmélito aident le
minou à vaincre sa peur des rats et des souris ; bref, à devenir un
vrai chat…
Peine perdue.
-Ce n’est pas grave, le consolent Carmen et Carmélito.

-Hé, hé, conclut le matou. Il
faut toujours se méfier du
chat qui dort !
Un mois a passé. Le petit chat noir a grandi…
grandi… grandi… au point d’être maintenant à
l’ étroit dans le petit nid d’amis. Ce matin là,
en ouvrant la porte, une surprise attend les
petites poules :
La basse-cour a disparu sous une étrange
couche de sucre glace.
Le premier étonnement passé, elles découvrent bien vite les joies de la neige.
Mais la fête est interrompue par les cris horrifiés de Molédecoq.
-Venez voir ! C’est affreux ! L’eau de la rivière est devenue dure comme de la pierre !
Comment allons-nous boire ?
-Une nouvelle fois, ce maudit chat a apporté le malheur ! S’écrie
Coquenpâte. Maintenant, ça suffit ! Qu’on le chasse d’ici !
-C’est inutile, annonce Chat-Mouillé, très calme, je viens vous faire
mes adieux.
Le chat noir a décidé que le temps est venu pour lui de partir à la
découverte du vaste monde..
-Mon grand, déclare Pitikok, tu es le plus fameux chasseur de souris
que je connaisse. Tu vas nous manquer !
Un matin, alors que tout le monde dort encore,
trois silhouettes se dirigent discrètement
vers le poulailler.
C’est le féroce Rattila et sa bande. Des pillards de la pire espèce !
-Sentez-moi ce fumet les gars ! dit Rattila. Il
y a dans ce garde-manger plus d’œufs que nous
ne pourrons en gober ! Allons-y !
-Personne ne bouge, c’est un hold-up !
Surpris dans son sommeil, Pitikok ne
peut voler au secours des pauvres
poules terrorisées.
Les mamans poules assistent au vol de leur bien le plus précieux.
-T’as d’beaux œufs tu sais !
Mais la porte du poulailler s’ouvre à nouveau. Chat-Mouillé, , bondit
et élimine un premier adversaire, qui perd son chapeau. Coiffé du
couvre-chef, le chat met le deuxième hors d’état de nuire.
Rattila, sentant que l’affaire tourne
mal, abandonne ses complices. Pour
protéger sa fuite, il s’empare d’un
otage.
Tandis que le chat noir passe autour
de sa taille son deuxième trophée,
les poules applaudissent leur sauveur.
Ils sont interrompus par Hucocotte, blanche comme un linge.
-Au secours ! Rattila a enlevé notre copain Coquenpâte !
N’écoutant que son courage, Chat-Mouillé s’élance aussitôt à la
poursuite du criminel.

-Prête-moi ta plume, mon ami Pédro !
Carmen et Carmélito, suivis de Bélino
courent aussi vite que le permettent
leurs petites pattes. Ils tremblent à
l’idée qu’on fasse du mal à leur
copain.
Alors qu’ils s’apprêtent à pénétrer dans la forêt, ils retrouvent
Coquenpâte…
-Que j’ai eu peur, les amis… C’est le chat noir qui m’a délivré ! Il a
mis une de ces ratatouilles à mon ravisseur… Venez-voir !
-Hé, hé ! On dirait que Ratilla a cessé de
nuire, dit Carmélito.
-Ce monstre a voulu me manger, raconte
Coquenpâte, « Je vais me faire un
sandwich au poulet », qu’il disait.
-Ben, où est passé mon chat ? s’inquiète
Carmen.
-Hé ! Hé ! Hé !... Que dites-vous de cette
tenue, les amis ? Maintenant, je dois
filer. Mon nouveau maître m’attend.
ADIEU !
-Tu sais je regrette de t’avoir traité de
chat-nu pieds ! C’était méchant ! Lui lance
Coquenpâte. Désormais on t’appellera… le
Chat Botté !

Quelque temps plus tard, par une belle et chaude journée d’été…
-Une voiture se dirige vers nous au grand Galop ! s’écrie Carmélito.
-Chat Botté !!!
-Whaouuu ! s’extasie Carmen. Tu roules carrosse !!!! Alors, ce que
j’avais prédit est arrivé ? Tu es devenu un grand seigneur !
-Mes amis, annonce le Chat Botté en ronronnant, j’ai une surprise.
Permettez-moi de vous présenter... Mes treize enfants !!!